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Que se cache-t-il derrière les sacs Solubag ?


Vous êtes nombreux parmi notre communauté (M. & Mme Recyclage) à nous avoir demandé plus d’informations sur les sacs en plastique Solubag censés révolutionner écologiquement notre consommation de sacs plastique à usage unique… ou pas.

Pour rappel, la marque Solubag a été créée par 4 chiliens, surtout issus de l’industrie plastique. Ils travaillent dessus depuis 2014 dans le but de commercialiser leurs sacs. Leur site internet (https://solubag.cl/) présente leur projet accompagné d’une belle tortue de mer et de promesse de type : “no plastic bag”.

SPOILER ALERT : il s’agit bien de plastique et il n’est pas bon pour l’environnement.



Reprenons les basiques : lorsque l'on verse du sel dans de l'eau, le sel se dissout et devient invisible. Il ne disparait pas pour autant, l'eau est salée. C'est la même chose pour les plastiques dit "hydrosolubles".

On retrouve, par exemple, le film entourant les pastilles de lave-vaisselle. Le plastique dissout dans l'eau ne disparaît pas pour autant. Il devient, certes invisible à l’oeil nu, mais il reste présent ! Il peut s'accumuler et perturber dangereusement les éco-systèmes. Il disparait uniquement lorsqu'il y a une biodégradation complète de la matière. Pour voir si un plastique hydrosoluble n’est pas nocif pour l’environnement, il faut donc vérifier que deux choses.

  • La matière est correctement digérée par la nature

  • Sa digestion ne nuit pas à l'environnement.


Prenons volontairement un mauvais exemple : les polyphosphates, connus sous le nom d'E452 et présents dans certains détergents.




Dissout dans l'eau, leur biodégradation aide à la prolifération d'algues qui asphyxient les éco-systèmes aquatiques. On parle d'eutrophisation.On retrouve beaucoup de plastiques hydrosolubles dans les additifs agro-alimentaires et cosmétiques, mais aussi dans les objets à usage unique. Comme par exemple, les sacs Solubag. Solubag est présenté comme le miracle industriel face à la pollution plastique. C'est malheureusement du Greenwashing ! En effet, derrière leur prétention d’éliminer les sacs plastique à usage unique, ils vendent à leur tour des sacs plastique à usage unique.



Le brevet de Solubag précise que les sacs sont en PVAl aussi appelé PVOH, dit poly vinyl alcool. C'est le le plastic hydrosoluble le plus produit au monde. Le PVAl, est aussi utilisé comme conservant alimentaire sous son autre nom, le E1203. Contrairement à ce qui est annoncé par Solubag, ce n'est pas un plastique renouvelable ou à faible empreinte carbone (en tout cas pas encore).

Le PVAl est-il biodégradé une fois dissout dans l'eau ?

Affirmer que oui, ce n'est pas tenir compte des 3 paramètres les plus importants dans sa biodégradation:

  • La sélection des micro-organismes

  • Les différents types de milieu

  • Le problème des mélanges plastiques.

Les études scientifiques s'accordent sur l'excellente biodégradabilité dans l'eau du PVAl. Seulement, en présence de micro-organismes acclimatées aux eaux et boues d'épurations déjà contaminées par le PVAl. C’est le cas des bactéries aérobiques Pseudomonas Alcaligenes. On les retrouve dans les eaux de rejets provenant d'usines ou dans les stations d’épuration.

Le PVAl est, par exemple, utilisé comme liant pour les pigments et se retrouve dans l'eau lors du recyclage du papier. C’est comme ça qu’on le retrouve dans les eaux de rejets des usines. Les bactéries présentent ne sont pas communément répartie dans le reste de la nature. Un sac en PVAl jeté dans l'océan ne sera certainement pas biodégradé.



Dans les stations d’épuration le temps de résidence moyen de l’eau est malheureusement trop court face au temps nécessaire à la biodégradation complète du PVAl.

Les études scientifiques s'accordent sur la biodégradation quasi inexistante sur terre ou en compostage du PVAl. Le PVAl a donc beaucoup plus de chance de s'accumuler et de perturber les éco-systèmes que de se biodégrader. D’ailleurs, les produits Solubag ne mentionnent nulle part une certification tierce de biodégradation en eau salée.

De la recherche reste cependant à faire sur la possible biodégradation du PVAl par les champignons.

Dans tous les cas, pour être mis en forme, le PVAl est mélangé.

On lui rajoute des additifs comme de l'eau ou du glycérol par exemple pour en faire du film plastique. On peut aussi le mélanger à d'autres plastiques ou créer des plastiques à base de celui-ci.

Le mélange peut entraver la biodégradation ou au contraire la renforcer.

Que chaque élément soit biodégradable indépendamment n'est pas la garantie que le produit final soit biodégradable. Chaque mélange doit donc être étudié avec une grande rigueur (et certifié en tant que produit fini et non en tant que matière de base). Hors la composition exacte des plastiques qui nous entourent est de l'ordre du secret industriel. Comment s'assurer dès lors que les promesses avancées sur la biodégradabilité soient tenues.

On dit NON aux sacs de Solubag qui n’ont rien à voir avec, par exemple, le travail effectué par les équipes françaises de @Lactips Le plastique hydrosoluble utilisé est issus des protéines de lait (donc bio-sourcé) et la biodégradation est testée par des scientifiques. Ou encore au travail de @Carbiolice, qui inclut des enzymes sous forme d’additifs pour les sacs en PLA. Évidemment, ces travaux ne résolvent pas la dépendance au plastique dans notre consommation.


Attention aussi, si vous imprimez en 3D avec des plastiques hydrosolubles pour gagner du temps au niveau des supports, ce sont, la plupart du temps, du PVAl et donc non biodégradé correctement une fois dissout dans l’eau.

Si vous désirez aller plus loin et vérifier les sources principales :

Accès aux brevet:

Brevet WO2018018172A1(Solubag)

Accès au résumé d’articles (nous contacter si besoin):

Biodegradation of poly(vinyl alcool) based material

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