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Accélérer le recyclage chimique en le dérégulant ? - le cas des USA

Dernière mise à jour : 17 oct. 2023

Une « guerre » fait rage aux États-Unis depuis plusieurs mois : la bataille pour assouplir le cadre légal de l’industrie du recyclage chimique. Nous vous en parlons dans cet article et vous indiquons quels sont les contacts LinkedIn à ajouter ou suivre pour comprendre ce qui se passe 😉. #industrie#loi#pollution

Une « guerre » fait rage aux États-Unis depuis plusieurs mois : la bataille pour déréguler l’industrie du recyclage chimique.


Techniquement parlant, il s’agit de faire reconnaitre les unités de recyclage chimique (mais aussi thermique ou autrement dit de recyclage avancé) comme des usines manufacturières et non des centres de traitement des déchets. Ce lobbying est « backé » par l’American Chemistry Council (ACC) qui représente les intérêts de la pétrochimie et donc des producteurs de plastiques.


La différence entre ces deux statuts : des obligations légales supérieures et donc de l'argent à investir en plus.


Grossièrement, en France, un site qui reçoit des déchets est obligatoirement une installation classée pour la protection de l’environnement (ICPE) et de surcroit obéit à plus de règles et des contrôles pour limiter la pollution de l'air, des eaux et du sol (si vous voulez en savoir plus sur ces ICPE, suivez-nous, car nous publierons sous peu un document en libre accès qui résume l'une de nos missions de bureau d'étude d'accompagment d'un recycleur étranger pour son implantation en France).

Aux États-Unis, le système présente des similitudes avec, par exemple, les « Title V permits » imposés par l’EPA - l’agence de protection de l’environnement. En sortant du statut « déchet », les centres de recyclage avancé s’affranchiraient de beaucoup de contraintes et d’investissement lourd visant à protéger l’environnement et donc la santé publique.

Ce genre de débat ne date pas d'hier, cela fait 200 ans qu'on argumente pour ou contre les nuisances générées par l'industrie pour pouvoir procurer du travail et des « consommations utiles » au pays.


Une part de notre confort vient directement du progrès industriel, mais l’élimination des contraintes juridiques peut amener de dangereuses pollutions.

L’exemple parfait en dehors du monde du recyclage , mais dans le plastique : des composés fluorés (polluants éternels) souillent les eaux supposées potables de l'état du New Hampshire à cause du laxisme réglementaire accordé à Saint-Gobain Plastic Performance. La dérégulation de ce secteur favoriserait l’investissement privé, mais comme le rappel les écrits d’un lieutenant général de police de Lyon sous l’ancien régime 🧐 :

« La commodité, le profit particulier ne sont rien : ce qui est tout, et ce qui doit régler la justice ; c’est la santé publique » : « Salus populi, suprema lex esto »

Le recyclage avancé ne devrait pas échapper à cette logique, issue de la gestion des nuisances au Moyen âge. De plus, les centres de recyclage avancés sont en partie financés avec le soutien des états/des régions - donc avec de l’argent public. Si l’on plonge un peu dans la technique, tout n’est pas aussi simple et il existe intrinsèquement une pollution associée au recyclage qu'il soit chimique, thermique ou mécanique. Il nous semble primordial que les recycleurs chimiques subissent un contrôle continu sur cette pollution.

L'ACC a commandé un sondage d'intention auprès des sénateurs américains dont voici un résumé :



Les arguments pour la dérégulation du recyclage chimique supposé favoriser l'investissement :

👉 Dévier de l'enfouissement et des océans des tonnes de plastiques non recyclés actuellement pour en faire de la matière première de qualité;

👉 Créer de l'emploi;

👉 Générer une activité économique très importante : 25% des plastiques de l'état de New York sont estimés pouvoir générer +500 millions $;

👉 100% de plastique apte au contact alimentaire pour refaire de l'emballage, ce qui est impossible avec le recyclage mécanique traditionnel;

👉 Assurer les avantages fonctionnels liés aux plastiques avec une empreinte carbone très réduite;

Les arguments contre la dérégulation du recyclage chimique :

👉 Pour l'instant le recyclage chimique s'apparente plus à des incinérateurs optimisés et ne diminue pas l'empreinte carbone, mais permet à l'industrie de doublement bénéficier de la crise de la pollution plastique qu'elle crée;

👉 Depuis 2000, sur 37 projets de recyclage annoncés aux US, seuls 3 sont opérationnels et aucun ne produit autre chose que du comburant;

👉 L'industrie a été malhonnête sur la recyclabilité des produits existants et l'est aussi sur le recyclage avancé;

👉 L'industrie pousse le recyclage chimique en espérant pouvoir quadrupler la production de plastique qui dépassera le charbon dans les émissions de gaz à effet de serre en 2030.

Les 3 unités de recyclage avancé aux US produisant du comburant et n'ayant pas encore mis la clé sous la porte :

- Alterra Energy dans l'Ohio

- Nexus Circular à Atlanta

- Eastman Chemical dans le Tennessee

Nous avons déjà publié une première vidéo sur le recyclage thermique, une des formes du recyclage avancé souvent confondu avec le recyclage chimique :


Vous souhaitez suivre ou vous connecter aux personnes qui sont au coeur des jeux d'influence à Washington ,

côté lobby pro-plastique jetable :

👤 Prapti Muhuri - manager of recycling and recovery at ACC's plastics division

👤 Craig Cookson - ACC's senior director of plastics sustainability

👤 Kevin Avard - New Hampshire State Senator

Côté lobby défense de l'environnement :

👤 Judith Enck - president of Beyond Plastics and a former regional administrator at the Environmental Protection Agency

👤 Jon Swan - founder of the group Save Forest Lake

👤 Rosemary Bayer - Michigan State Senator

Plus d'info à ce sujet dans l'article de Plastic News : https://www.plasticsnews.com/news/acc-poll-shows-public-support-and-skepticism-chemical-recycling

Plus d'info sur les pollutions industrielles : La pollution du monde de Larrige & Leroux

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